Tandis que l’on compte en France seulement 14 % de dirigeantes dans les entreprises classiques, 26 % des sociétés coopératives en Occitanie (côté ex territoire Midi-Pyrénées) sont dirigées par des femmes. Un chiffre qui prouve que dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, les femmes trouvent davantage leur place et partagent les valeurs, notamment dans le mode de management, plus participatif et égalitaire. En effet, le modèle de gouvernance démocratique joue un rôle dans l’accession des femmes aux postes à responsabilité et favorise aussi une meilleure parité homme/femme au travail, comme en témoignent Yokwé Films, Écoumène Architecture, La Maille au Personnel et Orque.

Retour sur Écoumène Architecture

L’agence Écoumène Architecture est née en 2009 à Bozouls, ville de transition entre le Nord Aveyron et le Ruthénois, de la rencontre de deux jeunes architectes Caroline Anglade-Delance et Amélie Couffignal, et d’un maître d’œuvre Philippe Rames.

« Dès le départ, nous nous sommes créés en Scop car le statut nous mettait tous les 3 sur un même pied d’égalité. Ainsi, toutes deux nous amenions nos compétences d’architectes, complémentaires, nos idées neuves, et Philippe apportait son expérience et son réseau. Le montage de la structure s’est fait naturellement et rapidement grâce au concours de l’URSCOP. Nous n’avions rien à perdre à tenter l’aventure. En effet, le lancement de notre activité ne nécessitait pas de gros investissements et nous étions soutenus par des confrères. » expliquent Caroline et Amélie.

Aveyronnaises, les deux associées se sont rencontrées lors de leurs études, toutes deux diplômées d’état en Architecture à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse (ENSAT), et sont habilitées à la maîtrise d’œuvre en nom propre (DE HMONP), avec l’envie de créer un projet dans leur département d’origine à la fin de leur cursus. Si Philippe a quitté l’aventure pour des motifs personnels en 2012, Caroline et Amélie n’ont eu de cesse de développer la structure en ouvrant de nouveaux marchés.

« Aujourd’hui, nous avons la chance d’œuvrer dans un domaine très divers où l’on peut toucher à tout, ce qui nous permet de découvrir de nombreux secteurs d’activités, tout en nous offrant la possibilité d’essayer de nouvelles choses, que ce soit avec les particuliers pour leur projet de maison individuelle, les commandes publiques ou encore les espaces professionnels tels que des commerces, bureaux, restaurants et bien d’autres projets d’entreprises… Construction neuve, rénovation, extension, design d’intérieur ou bâtiment classé, nous adaptons le style. »

Depuis près de 10 ans, Caroline et Amélie mènent de front leur carrière professionnelle et leur vie de maman. À la question si être une femme entrepreneure a été une chance ou un frein dans un milieu encore très masculin – si 60 % des effectifs en école d’architecture sont des femmes, elles ne représentent que 10 % des dirigeantes dans la branche – leur réponse témoigne d’aucune difficulté particulière.

« Nous avons su trouver notre place et nous épanouir dans cette aventure. Nous avons « juste » essayé, et nous nous sommes ainsi donné la possibilité de réussir. Ainsi, le départ de Philippe a été un événement révélateur car personne n’a remis en cause nos compétences. Notre légitimité s’est d’autant plus affirmée, avec comme ligne de mire la pérennité de la Scop. Être une femme peut même s’avérer être un atout sur les chantiers avec les artisans car nous sommes davantage dans le dialogue, l’écoute et la communication, et dépassons le cadre du rapport de force. »

Le fait d’entreprendre favorise d’autres initiatives comme le projet de Caroline de créer sur le territoire, autour de Bozouls, une école alternative, d’ici la fin de l’année ou début 2019. « Une douzaine de personnes sont actives dans cette nouvelle aventure où nous mutualisons nos compétences avec beaucoup d’enthousiasme. Aujourd’hui, nous sommes tous ensemble sur la bonne voie. »

Une femme qui vous inspire ?

« Il me vient immédiatement à l’esprit Jeanne d’Arc ! Une héroïne, qui n’a pas hésité à combattre et sacrifier sa vie pour ses idées, seule dans un monde de chevaliers. Elle ne s’est pas arrêtée à son image de jeune fille et est allée de l’avant. » – Caroline